« Des arbres couverts de neige et un ciel bleu au-dessus de tout, on dirait le paradis. »
Par Li Mingzi, Fu Yao
Le 23 décembre 2014, les skieuses en Bikini au carnaval du ski organisé par Station Dahongzhai à Yuzhou, dans la province du Henan
Liu Jiyuan se souvient parfaitement de sa première expérience de ski il y a tout juste 19 ans.
C’était en 1998, lorsqu’il était encore étudiant à Pékin. Pendant les vacances d’hiver, il a fait une randonnée avec ses amis dans la province du Hebei. Ils ont découvert en route une station de ski par hasard et l’ont essayée.
Il a alors passé la journée à skier, journée qui a totalement changé sa vie.
La sensation de la vitesse du vent
« La vitesse était sensationnelle », raconte-t-il à Vision Chine. À l’époque, il ne savait pas du tout skier et n’avait bien sûr encore jamais fait appel à un moniteur de ski. « Je tâtonnais tout seul. » Mais il avait quand même eu une activité similaire : il s’était déjà adonné à la pratique du BMX. Ces deux sports consistent en effet à prendre de la vitesse en descendant des pentes et il est plutôt recommandé pour cela d’avoir un solide équilibre. Après être tombé à deux ou trois reprises, il a plutôt bien compris les fondamentaux du ski.
En 2002, Liu Jiyuan travaillait à la station de ski d’un village de vacances, situé à Harbin. Ce dernier s’est trouvé au bon endroit au bon moment puisque la station venait justement de recruter un moniteur de ski autrichien pour former ses collègues déjà sur place. Liu a ainsi saisi l’occasion de suivre une formation de cinq jours avec lui. Plus tard, début 2004, lors de la compétition de ski grand public organisée par l’Association chinoise du ski, Liu Jiyuan décrocha la médaille d’or messieurs dans la compétition de snowboard.
Mais la situation est tout autre pour Ni Shoujun, fondateur du club de ski « 1031 ». Contrairement à Liu Jiuyan, lui, n’est pas tombé amoureux du ski dès son premier essai. En effet, faute de moniteur de ski, il ne faisait que tomber. Comment peut-on apprécier ce sport si on n’arrive même pas à tenir debout ? C’est seulement en accompagnant son fils de 8 ans pour apprendre à faire du ski qu’il eut enfin le déclic et qu’il apprit à ne plus tomber. Et depuis, c’est un véritable mordu de ski.
Ni Shoujun nous a dit qu’il préférait la neige naturelle à la neige damée car il apprécie de voir des nuages de poudreuse s’élever dans les airs durant la course. De plus, la vitesse ne peut jamais être très élevée, même sur des pentes raides, grâce à la souplesse de la neige fraîche. « On tombe donc moins souvent et même quand cela arrive, j’ai l’impression d’être jeté sur un tas de neige comme un gamin. C’est agréable !»
Or, Li Xiaoming, Président de l’Association du ski de Pékin, n’est pas de cet avis. Selon lui, le plaisir du ski réside justement dans l’expérience de nouvelles techniques, de nouveaux équipements, de nouvelles pistes et d’un nouvel environnement, à la grande différence du patinage. « Quand on patine, on est toujours dans la même pièce, dans le même cercle. Une matinée suffit pour que l’on se lasse mais le ski est différent. En revanche, les pistes ne sont jamais les mêmes : certaines ont une pente plus raide, d’autres sont plus longues, et les sensations changent en fonction du paysage. »
Bien sûr, le plus grand plaisir du ski réside dans l’environnement naturel. C’est sans doute pour cela que toutes les pistes connues en Chine ont chacune leur petit nom, le plus souvent donné par des amateurs passionnés. Par exemple, la piste A1 de la station de vacances Yalibu, longue de 3,8 kms, est surnommée « le boulevard vers le bonheur ». En effet, il s’agit d’une piste large et droite, couverte de neige et entourée de forêts calmes. Dans les secteurs les plus en hauteurs, au sommet d’une bosse par exemple, ou bien entre les branchages, les skieurs peuvent profiter de la douceur du soleil d’hiver et s’émerveiller de sa lumière. Un autre exemple est celui d’une piste de la station Beidahu dont le sobriquet est « le boulevard du nuage gris ». Avec plusieurs pentes douces, cette piste permet aux skieurs de prendre quelques photos sans avoir à s’arrêter.
D’une activité de niche à un sport national
Passionnés de ski, certains amateurs commencent à le promouvoir en Chine.
En 2002, Liu Jiyuan et plusieurs de ses amis de ski ont créé la première revue en Chine spécialisée dans le ski, dénommée tout simplement « SKI ». À la fin de la saison de ski, début 2003, et à sa grande surprise, les revenus publicitaires des cinq premiers numéros ont dépassé les 2 millions de yuans. Aujourd’hui, la revue « SKI » est toujours publiée, au rythme de cinq numéros pour chaque saison de ski et avec un tirage de plus de 100 000 exemplaires.
Lors de l’hiver 2006, la première édition de la compétition de ski des amateurs haut niveau, initiée par Liu Jiyuan, s’est tenue à la station de ski Beidahu dans la province du Jilin. Dix ans plus tard, l’événement est déjà devenu la compétition sportive civile la plus importante du pays. Selon lui, lors de l’hiver 2016-2017, la compétition s’est étendue à quatre stations de ski à Chongli et Jilin, avec près de 4 000 participants, soit le double du nombre de participants par rapport aux compétitions officielles.
Lorsque le club de ski « 1031 » a été créé le 31 Octobre 2014 à Pékin, le ski est passé d’une activité de niche à un sport national. En l’espace de 3 ans seulement, le club a en effet pu attirer plus de 5 000 adhérents, âgés de 3 à 70 ans. Beaucoup de membres y ont adhéré avec toute leur famille. « Tout le monde ne peut pas y adhérer », tempère Ni Shoujun, fondateur du club. « Pour y adhérer, il faut qu’un membre vous recommande », ajoute-t-il, soucieux de l’image de son club et du niveau de ses membres.
Il y a beaucoup d’enfants dans son club. C’est la raison pour laquelle, peu après son ouverture, il s’est évertué à comprendre la bonne façon de former les jeunes skieurs. Lors du tournoi des jeunes skieurs, qui a pris fin le 24 décembre 2017 à Pékin, 12 médailles d’or sur les 15 disponibles ont été décernées aux jeunes membres du club « 1031 ».
Selon les statistiques de l’application « Skions », il y a actuellement 481 clubs de ski en Chine, comptant au total 38 021 membres, soit une moyenne de 79 membres par club. Mais Zhuang Haisong, PDG du club « 1031 », précise que seuls les clubs regroupant des amateurs passionnés arrivent à survivre à l’épreuve du temps, contrairement aux clubs à but purement commercial. « La passion est importante pour qu’un club aille loin. »
« Il faut commencer dès le plus jeune âge. »
« Former les skieurs dès le plus jeune âge » est un concept apparu en 2015, après que les villes de Pékin et de Zhangjiakou aient été désignées comme villes hôtes pour les J.O. d’hiver de 2022. Un an plus tard, le Bureau national des sports a publié son « Plan de développement des sports d’hiver 2016-2025 », qui décrète que les écoles et autres établissements scolaires peuvent désormais former les jeunes aux frais des autorités locales.
Zhang Yan, créateur de l’École magique du ski, est très sensible à ce changement de mentalité. Avant la campagne de Pékin et Zhangjiakou pour les jeux olympiques d’hiver, lui et son équipe avaient essayé, en vain, d’avoir un partenariat avec des écoles. Mais la tendance a aussitôt changé au lendemain de la publication de la nouvelle politique de l’Etat.
Aujourd’hui, Zhang Yan travaille déjà avec trois écoles du quartier de Haidian à Pékin qui servent de modèles pour les formations conçues dans la perspective des jeux olympiques. La formation comprend des cours théoriques en classe d’été, alliant connaissances générales sur la neige, sur les équipements et la sécurité, et des cours pratiques de ski, incluant des essais de chaussures ou de modèles de ski dans des salles de basketball voire même dans des salles de cours, si l’école l’autorise. Les enfants se rendent ensuite sur les pistes enneigées une fois que la météo le permet.
Li Xiaoming, président de l’Association du ski de Pékin, accorde quant à lui plus d’importance aux compétitions. En février 2017, son association a organisé la première édition de la compétition des jeunes skieurs à Pékin, qui a attiré la participation de plus de 240 jeunes amateurs, venant des quatre coins du pays.
Par ailleurs, en juillet 2017, l’association a organisé une compétition s’adressant aux jeunes de Pékin, de Tianjin et de la province du Hebei, une province avoisinant la capitale chinoise. Entre juillet et novembre, il y a eu au total cinq subdivisions, avec plus de 600 participants adolescents. « En réalité, nous avons reçu les demandes de plus de 1000 candidats mais tout le monde ne répondait pas aux exigences requises, et donc un tiers des candidats n’ont pas pu participer », confie Li Xiaoming à Vision Chine.
En effet, dans les campings d’entraînement de ski, le nombre des jeunes skieurs, enfants comme adolescents, est en forte croissance. L’École magique du ski est un bon exemple : à la création de l’école début 2014, elle ne comptait qu’une vingtaine d’élèves et le nombre total de cours assurés par an était inférieur à 1 000 séances. Cependant, à l’hiver 2017, rien que le nombre de moniteurs de ski a dépassé les 200 et l’école a créé 10 nouveaux campus, dont le nombre total de séances atteindra 100 000. De plus, les frais d’adhésion aux clubs pour jeunes skieurs sont souvent très élevés, mais cela n’a pas l’air de décourager les clients. Le nombre d’élèves inscrits a augmenté de 300 % pour la troisième année consécutive.
Selon Li Xiaoming et Zhang Yan, ces jeunes skieurs en cours de formation marqueront la fin du prototype du skieur chinois autodidacte. Ils seront en effet la première génération de skieurs formés en Chine. Il ne serait donc pas surprenant si certains d’entre eux devenaient des athlètes professionnels.
Je ne comprends pas pourquoi si il y a une petite bosse on peut alors s’émerveiller de la chaleur ? On peut très prendre une bosse un jours de mauvais temps. Je remplacerait par « De la nuage grise : est-ce de la neige grise ? ou bien du nuage gris ?
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