L’épidémie de coronavirus rappelle l’urgence qu’il y a d’interdire le commerce des animaux sauvages et d’éviter que des espèces en voie d’extinction finissent dans nos assiettes, ainsi que la nécessité d’amender la loi sur la protection de la faune sauvage.
L’après-midi du 24 février, le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire de Chine a adopté une résolution visant à interdire complètement le commerce illégal d’animaux sauvages, abolir la mauvaise habitude de surconsommer des animaux sauvages et protéger efficacement la santé et la vie de la population. Elle est entrée en vigueur dès sa promulgation.
Lü Zhi, professeure en biologie de la conservation à l’Université de Pékin et directrice exécutive du Centre de recherches pour la nature et la société déclare à Vision Chine « qu’il s’agissait d’une décision urgente ». La révision en profondeur de la loi sur la protection de la faune sauvage est un processus de longue haleine et l’adoption d’une résolution spéciale par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire était indispensable.
par Huang Xiaoguang
En décembre 2019, Liu Yidan, bénévole pour la protection de la faune sauvage, avait déjà été informée de pratiques illégales commises au sein du marché de gros de fruits de mer de Huanan à Wuhan (province du Hubei), alors que les premiers signalements d’une nouvelle maladie proche du SRAS commençaient à circuler.
Son informateur lui avait raconté que de nombreux animaux sauvages exotiques y étaient vendus illégalement pour être mangés. À l’époque, Liu Yidan n’avait pas pu se déplacer à Wuhan pour en être témoin, mais des publications sur Internet accusaient également ce marché de faire le commerce de toutes sortes d’animaux, dont des chiens, des chats et d’autres espèces exotiques comme des faisans, des serpents, des marmottes, des cerfs sika et des singes, sous couvert de vendre des fruits de mer.
Le 31 décembre, lorsque les reporters de Vision Chine arrivèrent dans ce marché humide, le commerce tournait comme à son habitude, malgré les informations selon lesquelles une « pneumonie d’une cause inconnue » serait en train de contaminer les résidents de Wuhan. Selon les dires de l’époque, l’épidémie aurait touché principalement les personnes qui avaient été en contact direct avec le marché. Malgré tout, les commerçants assurèrent aux journalistes qu’il n’y avait pas d’animaux vivants sur le marché, à l’exception des fruits de mer. Néanmoins, au moment de la rédaction de cet article, plus de 3 000 personnes sont mortes du Covid-19 en Chine et la majorité des premiers cas confirmés avait eu un contact direct avec le marché.
Lors d’une conférence de presse donnée le 22 janvier, Gao Fu, directeur du Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CCDC), déclara que le marché de gros de fruits de mer de Huanan était soupçonné d’être à l’origine de l’émergence du nouveau coronavirus et que les animaux sauvages avaient joué un rôle clé. Zhong Nanshan, spécialiste de la Commission nationale de la santé de Chine, affirma tout d’abord dans une interview donnée à la Télévision centrale de Chine (CCTV) que les animaux sauvages, comme par exemple le rat des bambous ou le blaireau, pouvaient être à l’origine du virus. Depuis, les médias évoquèrent d’autres recherches chinoises accusant le pangolin, animal faisant l’objet du plus grand nombre de trafics à l’échelle mondiale et très largement utilisé dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC).
Même si certains scientifiques pensent que le marché de fruits de mer n’est peut-être pas l’unique lieu d’origine du virus, officiellement appelé Covid-19, la population a réagi massivement contre le commerce des espèces sauvages en Chine et les habitudes de ceux qui en mangent, qu’ils soient issus du commerce illégal ou légal. Les bénévoles comme Liu Yidan, qui luttent depuis longtemps contre le braconnage et le commerce d’espèces sauvages, considèrent que les autorités doivent se dépêcher d’agir et de voter une législation qui mette définitivement un terme à la chasse illégale et à la vente d’espèces exotiques.
Le 26 janvier, l’ampleur du problème était incontestable et les autorités interdirent le commerce et le transport d’animaux sauvages d’élevage. Les écologistes et le public saluèrent cette interdiction, bien qu’elle ait été annoncée comme temporaire, jusqu’à la fin de la crise. Beaucoup jugèrent qu’il ne s’agissait que d’une mesure bouche-trou et que le problème était enraciné dans la loi chinoise sur la protection de la faune sauvage. Certains d’entre eux ont accusé la loi de mettre davantage l’accent sur l’utilisation légale des animaux sauvages plutôt que sur leur protection, ne permettant pas de réprimer efficacement le braconnage et le commerce illégal dans la mesure où le commerce légal sert de couverture à ceux qui se livrent à des pratiques illégales. Il existe un large consensus sur le fait qu’il est urgent de réviser la loi, à cause de cette épidémie mortelle.
Un sondage lancé le 28 janvier par le Centre de recherches pour la nature et la société de Pékin a attiré près de 93 000 participants au 12 février. L’agence de presse Xinhua rapporta que 97 % des personnes interrogées sont « fortement » opposées à la consommation d’animaux sauvages, près de 78 % sont contre l’utilisation de produits d’origine animale pour la fourrure, ou pour les os pour les médicaments, et 77 % sont contre la domestication de la faune sauvage dans des fermes.
Liu Xiaoyu, expert de la CCDC, avait déjà mis en garde : « Les maladies épidémiques tirent leur origine des animaux sauvages. Dès qu’elles se déclarent, elles sont difficiles à contrôler et ont de graves conséquences. La loi sur la protection de la faune sauvage devrait être révisée afin d’interdire strictement la chasse et la consommation d’animaux sauvages afin de prévenir l’apparition de telles maladies ».
Le 10 février, Wang Ruihe, un officiel de la Commission des affaires législatives du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN), déclara lors d’une conférence de presse à Pékin que le gouvernement central avait l’intention de faire des efforts pour accélérer la modification des lois relatives à la prévention des épidémies d’origine animale et à d’autres domaines. Il a reconnu la nécessité d’améliorer les lois et réglementations relatives à la faune sauvage, de renforcer la supervision de l’application de la loi et la répression du trafic des animaux sauvages.
Un commerce douteux
Après la fermeture définitive du marché de fruits de mer de Huanan le 1er janvier, les épidémiologistes chinois ont testé des échantillons prélevés chez les propriétaires des magasins aquatiques. Malgré les démentis des commerçants, le commerce d’animaux sauvages dans le marché est fortement suspecté d’avoir un rapport avec l’épidémie. Le 26 janvier, le CCDC a déclaré avoir découvert de nouveaux acides nucléiques du coronavirus dans 33 des 585 échantillons environnementaux prélevés sur le marché et avoir réussi à isoler le virus au sein des échantillons, laissant supposer que le virus provenait des animaux sauvages vendus sur le marché.
Le marché de fruits de mer de Huanan, qui est l’un des plus grands marchés de gros de produits aquatiques du centre de la Chine, a suscité de nombreuses plaintes chez les habitants des environs, à cause de son environnement nauséabond, inondé de déchets et d’eaux usées, mais elles ont été ignorées. En 2004, peu de temps après l’épidémie du SRAS de 2002-2003, le marché avait déjà fait polémique car on y vendait des civettes palmistes à masque, hôtes du virus du SRAS. Selon les données officielles, le SRAS aurait causé 774 décès et aurait contaminé 8 098 personnes dans le monde. Un internaute surnommé « Malaxiaolongxia » posta sur Sina Weibo qu’à l’époque où il était lycéen, il passait devant le marché tous les jours et qu’il y voyait toute un tas d’animaux sauvages à vendre, dont des crocodiles, des faisans, des civettes palmistes à masque, des paons et d’autres animaux dont il ignore le nom en précisant que « la plupart d’entre eux étaient vivants ».
Malgré des plaintes qui remontent à plus d’une décennie, le commerce d’animaux sauvages semble avoir résisté. Tian Jiangming (pseudonyme), qui se consacre à la protection animale depuis des années, explique que « les marchands d’animaux sauvages peuvent s’adonner à ce commerce et dire qu’ils vendent des fruits de mer. Ils ont généralement des réseaux souterrains stables pour mener leurs ventes à bien. » Il ajoute que trois des huit plus importantes routes migratoires d’oiseaux au monde traversent la Chine et que les chasseurs chinois les attaquent toutes. Beaucoup de leurs captures illégales sont alors acheminées sur le marché de fruits de mer de Huanan.
Les oiseaux n’étaient cependant pas les seules espèces animales vendues sur le marché. La liste de prix largement diffusée de l’une des boutiques du marché répertorie près de cent espèces sauvages, chacune avec un prix. Ouverte en 2004, soit juste après l’épidémie du SRAS, elle faisait la promesse d’animaux « fraîchement tués ».
Les statistiques publiées en 2018 par l’Administration nationale des forêts et prairies (NFGA) indiquent qu’il y avait environ 500 entreprises qui se livraient à une activité d’élevage d’animaux sauvages en captivité dans la province du Hubei, abritant plus de 60 espèces, pour un rendement total annuel de 300 millions de yuans (38 millions d’euros).
À Wuhan, il est facile de trouver des restaurants qui proposent des animaux sauvages sur leur carte.
Yue Hua, bénévole dans une ONG pour la protection des oiseaux, est allé à Wuhan en 2019 et a vu plein de restaurants qui vendaient des animaux sauvages dans le centre-ville. « Le fait qu’ils puissent avoir pignon sur rue et vendre des plats à base de gibier est la preuve qu’il est courant de consommer des animaux sauvages dans la région et que la surveillance est assez laxiste, » a-t-il expliqué à Vision Chine.
La leçon ne rentre pas
L’épidémie de Covid-19 présente de nombreux parallèles avec l’épidémie du SRAS. La plupart des premiers patients diagnostiqués porteurs du SRAS ont été en contact direct avec des animaux sauvages. Une fois que les scientifiques eurent isolé le virus du SRAS chez la civette palmiste à masque, les autorités de la province du Guangdong, d’où serait parti le virus, firent abattre toutes les civettes palmistes des marchés animaliers, interdirent le commerce d’animaux sauvages et fermèrent les marchés.
Treize ans plus tard, une équipe de l’Institut de virologie de Wuhan dirigée par Shi Zhengli, sous l’égide de l’Académie chinoise des sciences, découvrit le même virus chez des chauves-souris de la province du Yunnan et remonta plus loin encore l’origine du virus. Ils ont découvert que la civette serait l’hôte intermédiaire et les chauves-souris la source, ou l’hôte naturel, des virus liés au SRAS. Les chauves-souris ont été le réservoir le plus probable de beaucoup de virus mortels au cours des cinquante dernières années.
Ces virus sont décrits comme zoonotiques, c’est-à-dire qu’ils peuvent sauter la barrière des espèces, se transmettre entre animal et de l’animal à l’homme. Ce fut le cas pour le virus Ebola et le virus Nipah, qui se sont propagés des chauves-souris frugivores et des cochons, le virus Hendra, une maladie zoonotique rare aussi transmise par les chauves-souris, et le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV), transmis probablement par les dromadaires. D’après les scientifiques chinois, les chauves-souris semblent être le réservoir d’origine du Covid-19.
En Chine, les chauves-souris, tout comme de nombreuses autres espèces, sont utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC). Elles sont considérées comme bénéfiques pour traiter les problèmes oculaires et la toux. Elles sont aussi consommées.
La plupart des consommateurs d’animaux sauvages ignorent évidemment que les animaux sont par nature porteurs d’agents pathogènes. Qin Chuan, directeur de l’Institut des sciences de l’animal de laboratoire à l’Académie chinoise des sciences médicales, a écrit dans un article publié en 2008 dans la revue Laboratory Animal and Comparative Medecine que depuis 2001, plus de 70% des 1 100 maladies infectieuses qui ont eu un impact mondial confirmé d’après l’OMS sont zoonotiques. Il rappelle que les chauves-souris, les rats, les oiseaux, les serpents, les grenouilles et les crustacés sont des réservoirs communs des maladies infectieuses émergentes.
« Les gens n’ont jamais retenu la leçon qu’ils ne doivent pas manger d’animaux sauvages », regrette Gao Xi, professeur d’histoire à l’Université Fudan de Shanghai. En 1988, la consommation de Tegillarca granosa a provoqué une épidémie d’hépatite A à Shanghai, qui a infecté environ 300 000 personnes. En 2019, un couple a succombé à un empoisonnement après avoir mangé des organes internes de marmotte de Mongolie mi-cuits.
Après l’épidémie du SRAS, la province du Guangdong a abattu des dizaines de milliers de civettes palmistes à masque pour des raisons de sécurité. Pourtant, l’interdiction n’a été que provisoire. En août 2004, seulement trois mois après la fin de la crise du SRAS, la NFGA a publié une liste de 54 espèces d’animaux terrestres sauvages et a soutenu que les technologies de domestication et d’élevage étaient suffisamment mûres pour subvenir au besoin d’utilisation commerciale de ces espèces, dont la civette palmiste à masque.
Certains ont la mémoire courte, peu de temps après la fin de l’épidémie du SRAS en juin 2003, les animaux sauvages étaient à nouveau au menu. D’après le Guangming Daily, il y avait en 2004 plus de 16 000 fermes d’élevage d’animaux sauvages, générant un revenu annuel de 20 milliards de yuans (2,5 milliards d’euros).
Le marché de Wuhan incarne l’enthousiasme des mangeurs d’animaux sauvages de tout le pays. Les civettes palmistes à masque, les chauves-souris, les rats des bambous, les pangolins et les porcs-épics ont été les mots-clés les plus recherchés dans la catégorie « animal » au cours des dix dernières années, d’après un rapport sur le Covid-19 publié le 31 janvier par le géant chinois de la technologie Baidu.
Et les goûts varient d’un endroit à un autre. Dans le Guangdong, par exemple, les gens préfèrent les rats des bambous, les oiseaux de riz et les pangolins et pensent que la viande de pangolin stimule la lactation. À Ganzhou, dans la province du Jiangxi, on aime la viande séchée d’oiseaux sauvages et l’on prétend que les soupes à base de cette viande sont nutritives et bonnes pour les nouveau-nés. Dans le nord-est de la Chine, la patte d’ours, le chevreuil et le sanglier se dégustent souvent à table.
Dans beaucoup d’endroits, en particulier là où la consommation d’animaux sauvages est une tradition, on pense que la viande de gibier est plus délicieuse et nutritive et qu’elle a des propriétés médicinales. Mais il est aussi fréquent que des gens mangent des animaux sauvages par pure vanité, faisant de cette consommation un symbole de privilège et de richesse.
Un manque de régulation
Les gens font maintenant pression pour que la loi chinoise sur la protection de la faune sauvage soit amendée. De nombreux experts considèrent en effet qu’elle n’est pas assez stricte pour juguler le chaos de la chasse, de l’élevage et du commerce des animaux sauvages, qui les dirigent tout droit dans les assiettes chinoises.
La loi en vigueur a été révisée en 2016. Le projet de loi avait suscité la controverse dans les milieux juridique et chez les défenseurs de la protection animale. Beaucoup ont en effet regretté que les législateurs considèrent les animaux sauvages comme une sorte de ressource économique et qu’ils reconnaissent la légitimité de ce commerce.
Les articles de la loi sur l’utilisation animale stipulent que les animaux sauvages, placés sous la protection de l’État ou non, peuvent tous être chassés, domestiqués ou exploités quand certaines conditions réglementées sont remplies, et notamment l’obtention de licences auprès des autorités. Ces dernières années, l’élevage des animaux sauvages qui ne sont pas sous la protection de l’État mais qui ont une valeur biologique, scientifique ou économique a été particulièrement encouragé dans certains endroits, pour la production économique.
Mais ces licences sont parfois de simples couvertures pour la chasse et le commerce illégal. Les animaux sauvages, acquis par le braconnage ou tout autre moyen illégal, deviennent « légaux » dès lors qu’ils finissent entre les mains de personnes titulaires de licences.
« D’un côté, elle [la loi] semble avoir des exigences plus strictes en matière de protection animale. Mais d’un autre côté, elle fait un bond en avant en autorisant l’usage commercial des animaux sauvages. L’équilibre n’est maintenu que par la ligne vague et fragile de la légalité », a reproché le directeur de l’Institut Hongfan d’études juridiques et économiques, Liang Zhiping, dans un article publié en décembre 2016, qui présente une analyse critique des failles de la loi sur la protection de la faune sauvage.
La viande de gibier étant plus populaire dans le sud de la Chine, les animaux sauvages sont surtout transportés du nord vers le sud. Les animaux sauvages braconnés dans le nord et qui sont peu consommés par les locaux sont souvent envoyés au sud, surtout dans le Guangdong, qui est le centre de distribution des animaux sauvages, ont expliqué des bénévoles pour la protection animale à Vision Chine.
Dans un article publié le 22 janvier sur son compte WeChat, l’ONG pour la protection animale Beijing Prairie League Environmental Protection Promotion Center explique qu’une chaîne nationale de profit s’est formée autour de la revente d’animaux braconnés. Les braconniers vendent les animaux à des intermédiaires, qui les revendent à de plus gros acheteurs. Ces derniers ont généralement des licences pour élever des animaux sauvages et peuvent donc blanchir ces animaux chassés ou achetés illégalement avant de les revendre ouvertement sur les marchés.
« La loi encourage l’élevage et l’utilisation des animaux, mais de nombreux animaux ne peuvent pas être élevés en ferme et l’élevage de certains coûte excessivement cher. Prenez le cas des oies à tête barrée, par exemple. Elles ne pondent pas d’œufs avant quatre ou cinq ans d’élevage et leur rendement est faible. Du coup, leurs œufs sont souvent volés dans la nature », rappelle Liu Yidan. Elle ajoute que la criminalité consiste à dissimuler l’origine des animaux sauvages qui finissent sur les marchés.
La protection des animaux sauvages qui ne sont pas sous la protection de l’État étant faible, les bénévoles engagés pour la protection animale se retrouvent souvent dans des situations délicates. En janvier 2017, l’activisme de Liu Yidan a permis la découverte de près de 900 animaux sauvages dans un marché de Tianjin, dont des lapins, des canards et des chats-léopards sauvages. Pourtant, les marchands concernés n’ont pas été tenus responsables, parce que les animaux saisis étaient répertoriés comme précieux pour l’économie, les recherches scientifiques et la biologie, et ne bénéficiaient d’aucune protection étatique spéciale.
Il existe des réglementations relativement strictes concernant les animaux sous protection spéciale de l’État, mais les animaux sauvages tels que la civette palmiste à masque, le blaireau et le hérisson qui y sont répertoriés subissent malgré cela une chasse illégale ou des traitements très violents au sein des élevages, précise Lü Zhi, biologiste de la conservation de l’Université de Pékin, dans une interview au Worker’s Daily mi-février.
L’épidémie meurtrière de Covid-19 a poussé beaucoup de personnes à dire qu’il était grand temps de réviser la loi. Selon Lü Zhi « en règle générale, le seuil à partir duquel l’élevage d’animaux sauvages est autorisé devrait être très élevé. Je m’oppose fermement l’idée de les manger », précisa-t-elle à Vision Chine. Elle juge que manger des animaux sauvages est une habitude désuète que la société devrait abandonner.
Dans la loi actuelle, manger des animaux sauvages qui sont protégés par l’État est interdit. Lü Zhi pense que l’interdiction devrait être étendue à tous les animaux sauvages et préconise une « interdiction totale de consommer des animaux sauvages ».
« Quand ils choisissent leur hôte, les agents pathogènes ne se soucient pas de savoir si un animal est protégé ou non. Ironiquement, ce sont les animaux qui ne sont pas sous la protection spéciale de l’État, comme les civettes palmistes à masque, les chauves-souris et les hérissons, qui sont devenus les hôtes naturels ou intermédiaires des maladies qui contaminent à la fois les animaux et les êtres humains », relève Lü Zhi.
Le 23 janvier, à l’initiative de Lü Zhi, 19 académiciens et spécialistes d’universités et instituts de recherche ont signé une lettre appelant les législateurs à amender rapidement la loi sur la protection de la faune sauvage et à intégrer des considérations de santé publique dans les articles relatifs à l’utilisation des espèces sauvages.
Lü Zhi juge que « les changements dans la loi aideront à réglementer et guideront les comportements des gens, même si les vrais changements doivent découler de changements d’attitude. » Elle croit que, du SARS-CoV au Covid-19, la nature n’a eu de cesse de rappeler à la société humaine l’importance de rétablir le respect de l’environnement, l’équilibre entre les êtres humains et la nature, et l’équilibre entre les hommes, les animaux sauvages et les agents pathogènes. Elle conclut : « Si l’on ne fait rien, les risques sanitaires seront hors de tout contrôle ».★
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